Monstres et merveilles

L’Antiquité gréco-romaine a légué une riche tradition sur les êtres monstrueux mi-réels mi-imaginaires. La littérature médiévale a adopté et développé ces thèmes, assimilant ces êtres aux merveilles et prodiges.

 

Merveilles de l’Inde

On imaginait que la plupart des créatures merveilleuses habitaient en Orient, et en particulier en Inde. La littérature sur les voyages d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) a transmis tout un ensemble d’animaux et d’autres merveilles de l’Inde. La source originale, écrite par Mégasthène, fut reprise et amplifiée tout au long des siècles de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge. Le merveilleux d’Inde est caractérisé par la démesure et par l’hybridité (mélange entre humain/animal, animaux composites). Ce sont des hippopotames, surgissant par milliers, qui attrapent et dévorent les hommes, des serpents à crête, grands comme des colonnes, à deux ou trois têtes, des bêtes pourvues de dents sur le dos, à la tête de lion et de crocodile, des mangeurs de poissons, qui restent un mois sous l’eau en ne mangeant que du poisson, des hommes à tête de chien…

 

Cathédrale de Poitiers (CESCM-Photothèque-E. Avril-2011)

Phénix (Cathédrale de Poitiers (CESCM-Photothèque-E. Avril-2011))

Animaux imaginaires

Les animaux hybrides imaginaires figurent aussi dans les livres didactiques tels le Physiologus – ouvrage sur les animaux, plantes et pierres – et les Bestiaires, qui décrivent un grand nombre d’animaux avec leurs propriétés le plus souvent imaginaires. Véhiculant des savoirs antiques, ces livres très populaires au Moyen Âge y ajoutent des commentaires religieux. En dehors des animaux réels, y sont présentés le basilic, à tête de coq et corps de reptile et au regard qui tue, les dragons, le griffon, à corps de lion, à tête, aux ailes et aux serres d’aigle, le phénix qui renaît de ses cendres, ou encore l’unicorne.

 

Marco Polo, Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles, Paris, vs 1410-1412 (Paris, BnF, ms. fr. 2810 ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

Peuples monstrueux

Les écrits de sciences naturelles et les ouvrages encyclopédiques traitaient aussi des « races monstrueuses », situées à la frontière de l’humain : les Blemmyes, hommes sans tête, ayant les yeux et la bouche sur la poitrine, les Cyclopes, géants avec un seul œil, les Cynocéphales, ou têtes de chien, les Panotéens aux oreilles immenses, les Sciapodes, ayant un seul pied, mais aussi les centaures, satyres, sirènes, hérités de la mythologie antique.

Dans la vision chrétienne du monde d’alors, ces peuples monstrueux faisaient partie de la création divine et n’étaient pas contre nature. Selon saint Augustin, Dieu savait par quelles similitudes et contrastes devait être ordonnée la beauté de l’ensemble de la Création.

Edina Bozoky

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