Le Graal

La Queste del Saint-Graal, La Mort le roi Artu, 1470 (Paris, BnF, ms. fr. 112 (3) ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

Le Roi Arthur et ses chevaliers réunis autour de la Table Ronde (La Queste del Saint-Graal, La Mort le roi Artu, 1470 (Paris, BnF, ms. fr. 112 (3) ; Source gallica.bnf.fr / BnF))

Les légendes inspirées de l’évangile apocryphe de Nicodème disent que la coupe qu’utilisa le Christ lors de son dernier repas et celle qui servit à recueillir son sang au moment de sa mort sur le Golgotha sont la même. Réputé apporter l’abondance et la profusion, le Graal fut un objet de convoitise au Moyen Âge et à l’époque moderne.

À l’origine

Le mot « Graal » vient probablement du latin médiéval gradalis (du bas latin cratalis, « vase », qui signifie « plat large et creux »). Dans la légende, le Graal était un récipient destiné à contenir de la nourriture ou des boissons. Il s’agissait souvent d’un objet splendidement orné, qui dégageait une extraordinaire lumière. Il est peut-être la version chrétienne des cornes d’abondance ou des chaudrons d’immortalité (à la façon d’Obélix) de la mythologie indo-européenne, puis celtique.

Geoffroy de Monmouth, au XIIe siècle, introduisit dans l’Historia Regum Britanniae la figure du roi Arthur, c’est-à-dire Henri II, roi d’Angleterre à partir de 1153. Son œuvre fut très vite traduite dans la langue française parlée en Normandie et en Angleterre par Wace, qui fut le premier à faire mention de la Table Ronde. Chrétien de Troyes, dans Perceval ou le conte du Graal, vers 1180, évoque la légende du Graal et relie Arthur à celui-ci. Il intègre alors le Graal dans la tradition chrétienne : celui-ci est vu comme l’image du ciboire portant l’hostie. Ainsi, dès le XIIe siècle, la légende arthurienne se mit en place. Arthur était le roi guerrier, Lancelot l’amant parfait et Gauvain le chevalier courtois. Quant au Graal, que les chevaliers de la Table ronde souhaitaient retrouver, il représentait la quête de l’impossible. On racontait également que ceux qui mouraient dans le château du Graal allaient au Paradis ; c’est pourquoi il était appelé Château des Ames ou Éden.

La Queste del Saint-Graal, La Mort le roi Artu, 1470 (Paris, BnF, ms. fr. 112 (3) ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

L’héritage au fil des siècles

Geoffroy rendit faussement historiques les faits et gestes d’Arthur, qui étaient pourtant fondés sur des mythes et légendes anciens. Cet auteur fut remis en cause dès le XVIe siècle. Cette confusion entre légende et histoire eut toutefois des conséquences pendant de nombreux siècles encore : le Graal fut à l’origine de bien des voyages et des expéditions.

Les écrivains, au fil des siècles, ont assemblé et intégré ces contes à leurs œuvres, construisant une biographie cohérente du roi Arthur et des personnages qui gravitaient autour de lui. Du Tristan en prose (1225-1230) à Thomas Malory et son Morte d’Arthur au XVe siècle, de Tennyson avec Idylls of the King (1842-1859) à Jean Cocteau avec Les chevaliers de la Table Ronde (1937) ou Julien Gracq avec Le Roi Pêcheur (1948), la légende arthurienne n’a cessé d’inspirer les auteurs et de rendre indissociables l’histoire d’Arthur et celle du Graal.

Marie-Agnès Godefroy

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