Le siècle de la science émerveillée

La navigation aérienne, l'aviation et la direction des aérostats dans les temps anciens et modernes / Gaston Tissandier.- Paris : Hachette 1886 (Bibliothèque des Merveilles) (Paris, BnF ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

Expérience de M. Pompéien Piraud, exécutée à Valence le 14 juillet 1884 (d’après une photographie instantanée) (La navigation aérienne, l’aviation et la direction des aérostats dans les temps anciens et modernes / Gaston Tissandier.- Paris : Hachette 1886 (Bibliothèque des Merveilles) (Paris, BnF ; Source gallica.bnf.fr / BnF))

La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et aux industries.- n°1, 7 juin 1873 (Paris, CNAM 4 Ky 28 (1) ; Cnum - Conservatoire numérique des Arts et Métiers - http://cnum.cnam.fr)

Cette vue illustre l’article de Gaston Tissandier sur un chemin de fer des Alpes autrichiennes. L’émerveillement porte sur la montagne vertigineuse, escarpée, immense, et l’image suggère l’exploit de la réalisation accomplie par les hommes pour réaliser le chemin de fer : pont, tunnel, mur de soutènement. Le progrès de l’activité des hommes est également suggéré par la comparaison entre le chemin de fer qui se joue de la montagne et la route à flanc de montagne qui est obligée de se plier aux exigences de la montagne. (La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et aux industries.- n°1, 7 juin 1873 (Paris, CNAM 4 Ky 28 (1) ; Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – http://cnum.cnam.fr))

La mystique du Progrès

Dans la continuité de l’esprit des Lumières, la société européenne du XIXe siècle fut empreinte de foi dans le progrès et de confiance dans la science. Grâce à la raison, les hommes allaient découvrir les lois qui régissaient l’univers, ce qui permettrait d’éviter les famines, de prévenir les catastrophes, d’améliorer les conditions d’existence des hommes. Les secrets de la matière comme de la vie allaient, par l’action des savants, être dévoilés. Pour autant, le regard porté sur la Terre, les plantes et les animaux, n’en fut pas moins empreint d’un émerveillement exprimé selon différentes modalités.

L’émoi romantique devant la nature

Les romanciers et les poètes, nourris d’un sentimentalisme d’inspiration romantique, écrivirent avec des accents exaltés la fascination que leur suggérait la vision de torrents tumultueux comme de forêts mystérieuses. À la recherche d’une communion mystique avec la nature, ils cherchaient à échapper à la grisaille de la vie quotidienne. Ils entendaient sensibiliser leurs lecteurs aux forces de la nature, au message que laissait le vent dans les ramures, au langage des vols de migrateurs. La sublime nature les appelait à quitter le monde des hommes pour gagner un au-delà suggéré par les paysages grandioses.

La Science populaire.- 23 juin 1881 (Paris, BnF, 2008-55563 ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

L’hebdomadaire La Science populaire, fondé en 1880, s’efforce de populariser la science en racontant les expériences et explorations scientifiques. Il représente, en première page, les savants en action, suscitant l’émotion du lecteur. Dans ce numéro consacré aux géomètres célèbres, il met le spectateur dans la position du savant qui observe, intrigué, le phénomène du mirage. L’auteur de l’article dit son admiration pour « l’explication ingénieuse » formulée par le savant. (La Science populaire.- 23 juin 1881 (Paris, BnF, 2008-55563 ; Source gallica.bnf.fr / BnF))

Les savants à la découverte du monde

Des expéditions scientifiques entreprirent d’explorer les terres inconnues, de l’Afrique centrale à l’Antarctique, en passant par les îles du Pacifique. Géographes et naturalistes s’efforçaient de comprendre les facteurs de répartition des espèces animales et végétales, ce qui ne les empêchait pas de clamer leur admiration pour les capacités d’adaptation dans faisait preuve la nature. Le vocabulaire scientifique et les considérations savantes dont use Alexander von Humboldt ne peuvent masquer par exemple son admiration pour les forêts équatoriales et les phénomènes qu’il observa au cours de son tour du monde.

Le génie des hommes permet de domestiquer la nature

Encouragés par les besoins croissants de l’industrialisation, des savants et des ingénieurs multiplièrent les réalisations permettant d’aménager la terre. Des ponts furent lancés pour franchir fleuves et rivières, des tunnels furent creusés sous des montagnes, des canaux furent creusés pour permettre à des mers de communiquer. Des journalistes se chargèrent de faire connaître au public ces merveilleuses innovations. Leurs articles abondent en descriptions précises des obstacles naturels et en explications accessibles au public. En 1864, la librairie Hachette créa une collection de vulgarisation scientifique, la Bibliothèque des Merveilles, chargée de « répandre la connaissance de ce que la nature, les sciences, les arts et l’industrie ont de plus digne d’admiration. »

La Science populaire.- 7 juillet 1881 (Paris, BnF, 2008-55563 ; Source gallica.bnf.fr / BnF)

Justin d’Hennezis, dans « Ichtyologie. Syngnathes et Hippocampes » : « La bizarrerie de leurs formes fait également rechercher les lophobrancbes comme objets de curiosité, soit pour orner un cabinet d’histoire naturelle, soit pour peupler un aquarium. Les noms qui les distinguent rappellent plus ou moins heureusement cette bizarrerie de formes. » (La Science populaire.- 7 juillet 1881 (Paris, BnF, 2008-55563 ; Source gallica.bnf.fr / BnF))

L’émerveillement des chrétiens

Si les interprétations anticléricales ou même antireligieuses étaient relativement fortes dans le monde scientifique, il convient cependant de ne pas négliger que bien des découvertes furent interprétées comme des signes de la grandeur divine. L’unité harmonieuse du monde, qui était cause d’émerveillement à chaque nouvelle découverte, était perçue comme la preuve de l’existence d’une cause unique et supérieure, Dieu, qui était à l’origine de toute chose. Sans compter que bien des savants ne se risquaient pas à des conclusions hâtives et se gardaient bien de déduire d’une découverte ou d’une autre que Dieu n’existait pas. Des livres pour enfants comme des ouvrages savants louaient au contraire le créateur d’avoir conçu les merveilles de la nature dont l’homme commençait à peine à mesurer à quel point elles étaient extraordinaires.

 

 

 

 

Jérôme Grévy

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